Les AZArricades

Les AZA aux Zarricades


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Thanks for the Futur


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CARTOGRAPHIE D’APPARITIONS CRITIQUES

Comme on dit, « Sans repères, On s’y perd ! ». Triste et ultime avertissement adressé à une génération qui arbore partout son augure pull à capuche, qui apparaît quand ça lui plaît, qui au lieu de pratiquer comme il se doit « le lèche-vitrine », saccage parfois tout sur son passage. Tristes débordements d’une jeunesse promise aux joies célestes d’une société d’abondance, et qui derrière l’écorce de toutes choses, ne découvre que le goût amer de la marchandise et du désenchantement.

Ce texte découle d’un ensemble de luttes, de trajectoires, de désertions, qui se sont concrétisées notamment autour d’un lieu. Une histoire qui n’est malheureusement pas vécue directement, ne peut être transmise sans être dite ou mimée. Qu’importe qui écrit, qui parle… Nous ne sommes ni les premiers, et encore plus joyeusement… ni les derniers. Ce qui importe, c’est donc de sentir, de rendre perceptible l’action du pouvoir, comme de ceux qui luttent. La mémoire nous fait parfois faux-bonds, les mots manquent pour traduire les points de non-retour franchis dans les luttes… « Beauté et faiblesse du sensible, quant l’intelligible a partout succombé. 

« Invente, et tu mourra persécuté comme un criminel ;
Copie, et tu vivras heureux comme un sot. »

Puisque dorénavant, toute contribution, toute construction quelque soit sa nature, n’est possible que dans l’étroitesse des relations qu’elle entretient avec le monde… C’est à dire avec le système-monde… Voici donc venu le temps, de nous assujettir également à une de ces injonctions. Injonction à s’identifier, à se définir, à transmuer une expérience sensible en un ensemble de codes et de valeurs partageables. Injonction à s’inscrire dans une histoire commune, à se l’approprier… Autant d’obstacles et d’embûches que nous étions jusque là, parvenu(e)s à esquiver pour simplement nous contenter de vivre cette histoire(s) commune(s).

« Thanks for the future ! » est un cri. Un hurlement né de l’expérience du chaos. Expériences contradictoires entre affirmation et construction de sa propre puissance, et appréhension de la fragilité d’un tel jeu. Expériences d’expositions et de replis. De dévoilements et de travestissements. Ce cri, loin d’être un signe de ralliement, est l’expression en même temps que l’incarnation d’une brèche dans l’ordre-social. 

« Dans la démesure des possibles, au milieu de ces nuitssans sommeil, l’épuisé ne cherche qu’a sortir de l’impossible.
Étant lui même l’impossible, il ne sortira de lui qu’en sortant de ce monde »

Plus qu’une pensée, ce cri se manifeste et apparaît dans le mouvement des agencements de pouvoirs qu’il bouscule. Dans leurs points de crispations, de tensions. Il se rend perceptible dans la sphère subjective et l’imaginaire de chacun, par le lent délitement des dispositifs de contrôle et de pacifications des désirs… Puis comme toute chose, il s’épuise. Son écho est destiné à se perdre lui même, dans la cacophonie des métropoles et de l’actualité surabondante.

Toutefois comme un courant électrique, ce cri circule aussi longtemps qu’il trouve des corps pour le véhiculer et le transmettre. À l’un des épicentres de ce cri se trouve une brèche faite de brique et de ciment. Un squat, une maison collective qui se transmet et porte les stigmates d’une histoire aux frasques plus invraisemblables les unes que les autres. Cette caisse de résonance, le pouvoir l’a généreusement laissée s’implanter au milieu d’une ancienne friche industrielle réhabilitée en locaux artistiques. Une voie de garage sous contrôle institutionnel, pour « marginaux » en mal de création…

« Du plaisir de créer au plaisir de détruire, il n’y a qu’une oscillation qui balaye le pouvoir »

L’ensemble des ruptures qui se sont produites dans ce lieu a ouvert et continue d’ouvrir de nouvelles lignes de fuite, de nouvelles possibilités collectives. Toutefois que ce soit par l’orchestration d’une répression devenue routinière, ou par sa production quotidienne de misère, le pouvoir tente inlassablement de s’immiscer dans nos vies.

Venir au monde, c’est s’insérer dans un champ, un ensemble de pôles, de puissances qui tendent à conquérir des positions de contrôle, de monopole. Mourir au monde, c’est se défaire, délester notre volonté de vivre de ces schémas de dominations, de notre besoin de reconnaissance, de notre soif inextinguible de consolation, de sécurité, d’assurance, et de croyances serviles en un avenir, un empire radieux.

« Vous pensez pouvoir changer les choses, même un petit peu, et bien sachez que c’est prétentieux. »

Il faut bien souvent partir de l’ordre pour rendre perceptible la rupture qui en découle. C’est parce que tel ordonnancement ou tel ensemble de normes est devenu invivable, qu’il est déserté, combattu. Le déracinement qu’impliquent toutes frustrations et adaptations à la modernité « blanche-hétérosexuelle », nous a amené à développer nos propres singularités, nos propres cheminements, au-delà des ruines et de la bestialité de l’époque.

La métropole et la prolifération exponentielle de ses dispositifs ne cessent de croître et de s’étendre, jusque dans les profondeurs de l’être. Elle s’intériorise dans l’ensemble des rapports humains et se répercute dans le vide social, l’inflation du contrôle, la misère de la pensée, les techniques de gestion de foule, de pacification… Les dispositifs de pouvoir se trouvent dans chaque détail de l’urbanisme, dans chaque conversation. Nos prises à parti avec ce quotidien sont régulières. Nous tentons tout à la fois de démêler, de faire apparaître, de désamorcer ces agencements, pour pouvoir les contourner, les déjouer… Libérer de l’espace.

« Nous détruisons, non pour l’amour des décombres, mais pour la beauté des chemins qui les traversent. »

C’est parce que nous vivons dans une atmosphère suggérée de perpétuelles menaces, que tout geste doit s’accompagner de la certitude d’un futur « rassurant », quand celui-ci ne doit pas être « assuré ». L’angoisse collective est virale et oblige à vivre dans une constante anticipation du pire. Il nous faut dès lors participer au mieux, à la gestion des conséquences de nos propres déroutes. La polyvalence des représentations du danger nous contraint chaque jour un peu plus, à accepter de nous contenter de ce que l’on a. Le moindre mal, le moins mauvais-système, le vote-utile, le réflexe citoyen…

Comme une ultime trace d’un reliquat de dignité, nous nous refusons publiquement à admettre que notre inconscient, notre imaginaire collectif est de plus en plus envahi et habité par ce désir de catastrophe. Le désir et l’appréhension de la catastrophe civilisationnelle se confondent déjà presque totalement. S’il veut réellement réformer ce système-monde, le concept de l’éco-citoyen-responsable a de quoi faire… Nous avons petit à petit substitué le « désir de catastrophe » à celui « de changement ». Mais au final qu’importe le chemin qu’on emprunte, car c’est dans le mouvement qui détruit l’ordre existant des choses, que l’on trouve enfin des réponses.

« Impossible de rêver le futur, le seul futur est celui de l’expectative d’un désastre. »

Considérant l’immensité de la tâche à accomplir… Décevoir est devenu en soi un vrai plaisir. Il nous est nécessaire de ne pas apparaitre, là où on nous attend de pied ferme. De préférer investir de nouveau champs, bousculer de nouveaux équilibres, inventer de nouvelles méthodes, de nouveaux modes d’apparitions. En cela, nous ne mettons qu’en application les vieux principes militants qui préconisaient : « De déserter le vieux-monde et son système de représentations. »

Le pouvoir classifie et produit en pemanence de nouveaux rites, de nouvelles catégories de gens qu’il disqualifie automatiquement, en fonction de leurs niveaux de dangerosités supposées et de leurs esthétismes apparents… De l’anarcho-autonome, aux français d’apparence musulmane, du rom-fraudeur, aux banlieusards sans-papiers, la prolifération d’un tel discours autour des parasites, des indésirables, permet l’élaboration et la mise en place de nouvelles pratiques d’épuration et de nettoyage social.

« La parole est le monopole du chef.
Le jeu de l’écriture, c’est l’espace du silence. »

En renonçant quelque part au nomadisme, seul moyen de rester dissimulé aux yeux du pouvoir, nous avons du ré-investir de nouveaux champs de représentations. Finalement, c’est dans l’oeil du cyclone qu’on se trouve encore, le plus à l’aise. En cela, quoi de mieux qu’une ancienne friche industrielle pleine d’artistes, dont il nous a été relativement facile d’apprendre à mimétiser les codes. Un jeu de miroir, un travestissement dans un milieu qui passe son temps à se travestir, à s’adapter, à s’auto-produire, et à se mettre en scène selon les besoins du marché.

Toutefois la duperie n’a eu qu’un temps, la joie a eu ses débordements… Et les lignes de front se sont à nouveau durcies… Interdiction de concert, de soirée collective, arrété anti-manifestation, ronde et occupation des lieux par la police, coupure d’eau et d’électricité, plaintes, incendies volontaires… Sinistres réactions d’un ordre, qui ne trouve sa justification que dans son éternel volonté de conservation. Tout comme nous, le pouvoir a mille facettes, et c’est par celle de ses artistes zélés qu’il nous a répondu, comme pour singer sa réaction. Quand bien même les bouffons du roi en arrivent à vous cracher dessus…

« Pour (…celles et…) ceux qui aspirent ardemment à la puissance, il est indescriptiblement agréable de se sentir subjugué(e)s!
Se laisser arracher les rênes et contempler le mouvement qui emporte on ne sait où ! »

Cette répression quotidienne s’agence sur des dispositifs allégés, assiéger et couper l’électricité dans un premier temps, plutôt que perquisitionner et expulser immédiatement. L’ensemble des actions de ces micro-pouvoirs, chacun ou chacune pouvant y participer librement et apporter sa pierre à l’édifice, vise à nous rappeler quel est notre position sociale et notre rôle en tant que rouage du système-monde. À savoir pérenniser et reproduire les mécanismes de cette société capitaliste et ceux de la pensée dominante. Savoir se vendre, tout un Art, tout un Programme… Sans conséquence.

Parce qu’ils participent conjointement à la logique d’un monde où la pensée est complètement séparée des actes, où l’éthique fait office de bonne moralité. Parce qu’ils espèrent encore et contre toute attente, que la citoyenneté soit une liberté, et la loi… la garantie de celle-ci. Chacune ou chacun peut une fois mis en situation, se révéler tout autre que ce qu’il pensait connaître de lui même… En temps normal, ce sont des types-en-or, ces gens-là… Le pacifisme ne se diffuse, que là où l’insensible a déjà triomphé.

« Il faudra qu’il pense à sa future promotion toute sa carrière,
pour ne pas s’apercevoir que sa vie lui a toujours échappé. »

Brusque décélération du quotidien, ralentissement général de tous les flux, arrêt brutal de la machine… Rien de pire et de plus inconcevable pour l’ordre, qu’une grappe de “sujets heureux” qui tombe et prend le temps de s’arrêter. Le bio-pouvoir s’est autonomisé, il ne s’incarne plus désormais dans tel ou tel fonctionnaire, ni même dans un appareil d’État qu’il nous faudrait absolument abattre. Mais bien dans un ensemble de cadences, d’intensités, d’absence d’intensités, qui font que nous marchons en rythmes, ensemble(s). Toutefois, même si le pouvoir a toujours eu la capacité de se restructurer, la mécanique de ses engrenages n’en est pas moins soumise aux lourds protocoles de son fonctionnement.

Du point de vue de l’ordre, le temps perdu est une abomination contagieuse. Terreau des plus fertiles incivilités. Toute notre vie, on nous empoisonne avec des tâches inutiles et nocives. Lorsqu’enfin, le pouvoir nous donne l’impression d’être devenu étranger à nous-même, de perdre effectivement notre temps… C’est pour mieux nous le (re)vendre, nous apprendre à le rentabiliser, à l’épargner. Derrière la misère d’un tel quotidien, se cache une trivialité qui déverse avec délice son sadisme, sur des corps évidés de toutes forces, de toutes singularités.

« De sorte que la vie quotidienne est aussi la sphère de la démission.
La sphère du désarmement, de l’aveu de l’incapacité de vivre. »

L’État-d’exception généralisé justifie et produit les pires assauts, les pires intrusions dans nos quotidiens respectifs. Une banalité de plus, qui agit par cercles concentriques et étend constament la plus-value, la marge bénéficiaire du pouvoir-marchand. La vie quotidienne est amputée de toutes possibilités de communication (c’est-à-dire réellement partageable), celle-ci n’est plus que l’émanation d’un retranchement forcené dans la sphère du privé. La collectivité-sociable se résume au simple domaine de la séparation, de l’originalité feinte, du spectacle des fausses différences.

Si nous sommes aussi réticents à prendre corps, à définir ce qui nous lie, nous unit, nous pousse à nous rencontrer, à assumer les conséquences de ces rencontres, c’est que nous savons que face à l’injonction de transparence totale, de traçabilité, il nous faut rester insaisissable. D’où l’innommable, le jeu du silence, l’ombre des signaux, l’opacité de certaines communautés « en devenirs ». Un souci de protection à l’égard de ce que nous construisons. Non pas un contre-monde, ni même un autre-monde. Mais autre chose… qui nous pousse à agir librement.

« Tiens… c’est marrant un flic déçu, qui découvre un bouquin. »

Si ici et ailleurs, maintenant et toujours, nous menons ces combats, c’est qu’un jour quelque chose de sensible a bousculé notre quotidien. Une grève, une fête, une tempête, une altercation, une relation… Qu’importe. D’autres n’ont malheureusement pas eu cette chance, ils s’émeuvent pour une idéologie, un autre système-moral, une réforme… C’est dire le désespoir et la résignation qu’implique, une trop longue privation de liberté sur le cours d’une existence.

La métropole et son infrastructure rentabilise même ses propres marges. À n’en pas douter, même en-dehors du monde, il existe encore des cases, des concepts, des moyens pour se rendre utile, dans lesquelles notre peur de la solitude, nous pousse infatigablement à nous jeter tête la première… À corps perdu… Combien de temps, pouvons-nous survivre sans utilité, sans statut, sans rôle ?… Encore moins dira-t-on, que celui qui un jour prend la décision de s’arrêter sur une voie d’autoroute, juste pour admirer la beauté d’un paysage. Absurdité quelconque
du temps perdu.

« Je suis anéanti, ou du moins changé jusqu’à ne plus me reconnaître, puisqu’en moi est anéantie la loi qui – jusqu’à aujourd’hui –me faisait ressembler aux autres comme à un frère. »

C’est dans les interstices, les ruptures, les brèches que nous nichons nos rires. C’est de celles-ci que nous faisons croître nos cris. Ils se répondent en échos, permettant alors d’estimer la distance qu’il nous reste à parcourir jusqu’à une prochaine rencontre, une prochaine effusion… Depuis ces lieux qui ont leurs propres temporalités, leurs propres agencements, nous tentons également d’investir le monde sensible, pour en modifier et en altérer les conditions. Les logiques s’enchaînent et se télescopent. Les bons fonctionnements, les bons vouloirs dérapent, déraillent… (À répéter cent fois, plus si nécessaire… )

Outre le fait qu’à chaque fois, il soit l’occasion de faire la fête, de provoquer de nouvelles solidarités, l’espace libéré est pour nous le moyen de conscientiser sensiblement des quotidiens, de les éprouver, de les rendre palpables. Toutefois, les conditions à l’oeuvre dans cette société, surtout à l’égard d’éventuelles prises de position quant à la vie quotidienne, poussent souvent un même mouvement à provoquer l’effet inverse. C’est à dire un rejet, une complète (ab)négation et hostilité à l’égard de ceux-ci. De nouvelles chaînes de docilités prendront alors le pas, sur une éventuelle émancipation. De nouveaux rôles à déserter…

« Vivre sans temps mort et jouir sans entrave sont des critères clairs pour démarquer d’un coté, ceux qui agissent pour le jeu et la jouissance, et de l’autre ceux qui opèrent en cautionnant la Fatigue de vivre. »

Notre lutte est bien celle de l’espace, par lequel et pour lequel nous dynamitons, nous dynamisons de nouvelles possibilités de communs. Espaces de vie, de perturbation, de création, d’expression des nouveaux devenirs collectifs. Sous couvert de principes de fonctionnalité et de neutralité de l’espace commun, l’Autorité-Publique élabore et planifie la production de sa pacification. Le souci de soi érige son emprise comme un véritable miracle démocratique, une pratique en soi de liberté (ou de son simple reflet) gracieusement offerte à tous et toutes. 

Les devenirs et l’organisation collective de tels lieux, de tels modes d’habitat, ne peuvent en aucun cas se résumer à un simple partage, une simple appropriation matérielle des lieux. Il présuppose et concrétise l’élaboration d’une mise en commun réelle, d’une mise en perspective possible, plutôt qu’une redistribution finalisée de ceux-ci. Ce n’est certainement pas, par nihilisme ou aliénation, que nous n’affirmons ne rien vouloir défendre, ni revendiquer du vieux monde. Mais bien plus parce que nos constructions et nos révoltes sont tellement imbriquées, impliquées elles-mêmes, que nous n’avons qu’a faire croître celles-ci…pour renverser et ridiculiser l’ordre.

« La meilleur chose qui me soit encore arrivée, c’est d’avoir pris la décision de te quitter… »

A-t-on déjà vu des terroristes, ou de telles potentialités, se pencher sur la question unanimement archaïque de savoir s’il vaut mieux semer en pleine terre ou dans des petits pots volés à IKEA. Foutaises… Ou peut être faut-il l’avoir vécu pour tout simplement le croire. Le Péril n’est pas tant celui de la violence légitime de cet État de fait(s), à laquelle une perpétuelle disposition nous a entrainés, non à nous habituer, mais à nous adapter. Le véritable danger se cache bien plutôt dans les faux espoirs qui nous limitent (eux aussi en devenir), la réitération, la reproduction des erreurs du passé… D’une “communauté maudite”.

Parce que nous venons au monde avec une soif ambitieuse et le sentiment d’impuissance que rien n’a encore été fait, ou réellement tenté, nous nous acharnons à libérer le peu d’euphorie qu’il nous reste, à déconstruire et à déchaîner ce qui entrave nos corps. Le pire reste encore, non pas de se constituer en force(s), mais en une machine de guerre implacable, qui pour libérer de telles potentialités, devra asservir et imposer la sienne. Pour s’y dérober, le sacro-saint devoir de sacrifice est une injonction qu’il nous faut sans cesse, à nouveau trahir.

« L’obscurité nous donne une leçon… qui justifie les pères, et les pères de nos pères, lorsqu’ils nous prêchaient le devoir et la routine. »

D’un côté, il y a la contrainte de la terreur totale qui opprime et nous maintient dans le désert ; et de l’autre la force autocontraignante d’un quotidien qui prépare chaque individu dans son désarroi isolé, contre tous les autres. Il est navrant, mais pas vraiment si étonnant de voir qu’une telle potentialité à libérer des intensités d’amour et de haine, de faire reculer concrètement le pouvoir, de s’opposer à une militarisation du quotidien, du territoire, fasse sensiblement si peur.

Ce qui empêche bien souvent de percevoir et d’entendre la chute, le chaos immédiat du monde… L’ultime rempart contre une telle puissance de désirs évidés se cache dans l’appréhension du désastre conditionné… D’un probable retour de refoulé… Du devenir-monstrueux… L’absence d’une neutralité confortable, qui nous ferait à nouveau prendre des risques, sentir le poids du troupeau, de la masse et de ses mécanismes fascisants… Un avant goût de l’éternel retour des choses…

L’achèvement d’une Communauté Inavouable

« Ce qui nous empêche de nous abandonner à un seul vice,c’est encore d’en avoir plusieurs. »

Il est parfois nécessaire de faire l’apprentissage du désert, pour pouvoir s’y retrouver. S’y abandonner, sans subordination à un quelconque art de vivre. S’affirmer aux travers de différents processus de gestation, de modes d’expositions de ce qui est sans cesse à rendre perceptible. Pourquoi s’arrêter brusquement alors? Pourquoi se redresser et regarder droit devant, comme si l’on avait enfin vu quelque chose ? Pourquoi un visage se crisperait-il à nouveau, au point que des yeux puissent s’emplir d’une lumière furieuse ? N’y a-t-il au fond rien de plus, que l’on
puisse ajouter à l’ambiguïté du désert ?

Si… « … On aime pas, on ne vit pas, on ne meurt pas, dans le rectangle blanc d’une feuille de papier … ». Heureusement, aucun acte d’état civil, aucun fichage aussi élaboré et génétique soit-il, ne pourront jamais rendre compte, ni même informer le pouvoir de ce que nous sommes. C’est à dire ce qu’il considère devoir être… ses sujets. Le désert est une extension empirique de pouvoirs destinée à dissiper, à discipliner toute part d’ombre. Le vide vital et ardent d’un espace quadrillé, contrôlé.

De fait, il n’y a aucune place pour l’ombre et la sinuosité dans le désert. Tout y est apparent, jusqu’à une éventuelle puanteur de la vie. Une rationalisation optimale et coercitive, qui permet de maintenir ensemble les innombrables logiques, en vertu desquelles l’individu en arrive souvent à renoncer à certaines pulsions, à se soumettre au principe d’ordre dominant, de réalité majoritaire. Le désert est comme une forme unique, omniprésente. Une ligne d’horizon qui ne tolère pas de variété, mais seulement l’unicité.

Qu’est-ce qui captive si souvent nos désirs, si ce n’est le besoin d’ordre, d’unité? La faiblesse… ou la promesse de force? La beauté fusionnelle de l’icône, de l’image… La consolation de se retrouver dans un seul monde… Le repos de ne plus être confronté à la différence, la fin de toute question? Je/Nous avons commencé en tout cela, sans même nous en apercevoir, sans même chercher à savoir où cela nous mènerait. Ignorant qu’une émancipation, loin d’être la résolution d’un phénomène unitaire, est la mise en jeu des communs, des consciences de ceux-ci, dans l’équilibre des différences.

C’est par expérience, de la démesure répressive et impérialiste de toute société de contrôle, que nous avons adopté une conception beaucoup plus large, de la multiplicité des luttes. Pluralité des lieux, des centres opérationnels, des thématiques et des moyens d’actions, de communications, de convergences. Ce qui permet dès à présent de conjuguer, de faire « tomber » dans le présent, un ensemble de pôles pour les impliquer et leur faire prendre (ou perdre) position. Une multitude de combats et de discours que nous portons sans plus attendre d’hypothétiques
grands soirs, ou une quelconque insurrection généralisée, pour nous apercevoir alors que nous sommes démunis de toutes capacités à coordonner nos apparitions, de toutes pratiques d‘ensauvagement et de sabotages effectifs.
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Pour l’instant, nous cherchons simplement à faire que chaque gestes, dans la lucidité de leurs limites, puissent être appropriés et transformés par d’autres. Il n’y a pas de sujet révolutionnaire… Il y a la nécessité, les nécessités, que chacun réfléchisse et attaque de là où il est. Car nous ne sommes jamais seul. Les échos nous font et en font d’autres. La contamination que nous représentons aux yeux de l’ordre nous le rappelle quotidiennement, même si celui-ci se trompe profondément sur ce que nous portons en notre secret. Il ne pourra jamais comprendre…

« Comment alors tout ce qui est devenu, a l’air malade. »

Nous ne pourront jamais comprendre le sens de quelque chose, de quelques phénomènes, si nous ne savons pas quelle est la force qui s’approprie cette chose, qui l’exploite, qui s’en empare ou s’exprime en elle. L’architecture d’un pouvoir a autopsié, à interpréter. « Une chose a autant de sens qu’il y a de force capables de s’en emparer. Mais la chose en elle-même n’est pas neutre, et se trouve toujours plus ou moins en affinité avec la force qui s’en empare actuellement. »

L’apparente neutralité qui subordonne tant de complaisance et de détachement à l’égard du cour des choses (aussi odieux soit-il), masque difficilement le dégoût et la terreur de toute implication, de toute exposition à une telle réalité. Sans détourner le regard, pouvons-nous encore affirmer que la question n’est pas là… Ou serait-il plus judicieux de dire, qu’elle ne l’est malheureusement toujours pas… La neutralité est en soi une arme, et ce quel que soit l’usage que l’on en fait. Du coté de ceux qui possèdent, elle dédouane et exempte. De l’autre, elle résigne et condamne.

C’est parce que le Sujet-Roi conçu comme tel, a l’intime conviction d’être immunisé (de par sa naissance, sa condition, ou son mérite), qu’il consomme aussi naïvement et avidement tous les projets, tous les programmes, les engouements qui se présentent à lui… Parfois à l’encontre même de son propre intérêt, de sa propre rationalité. Toutefois plus son assurance en un éventuel paradis s’ébranle, plus il s’acharne, s’enrage, s’émeut. La neutralité comme objectif de stérilisation de tout potentiel subversif, comme processus d’aveuglement, a pour but de soulager et de
rendre aussi acceptable que possible, l’omniprésence des dispositifs qui traversent le désert.

Le moralisme s’exporte mieux que jamais, en tant que pratique de colonisation et projet civilisationnel. Le capitalisme comme culte et célébration de la modernité dominante. Une procession permanente et culturelle qui exalte faussement des valeurs qu’elle a prit soin de rendre insaisissable au plus grand nombre, tel que le « libre-échange », le « libre-arbitre », la « libre-expression ». Elle dispose et transforme toute chose en marchandise, en fétiche inaccessible… Pire, toute singularité en citoyenneté ! Même le langage et la sexualité sont eux aussi re-codifié, re-conditionner en permanence.

Ainsi tout monopole aussi débordant et abondant soit-il, s’érige peu à peu en un désert. Un royaume qui exhibe, mais sépare aussi toute chose dans la sphère de la consommation. Une réalité dont la duplicité a vite fait de nous mener du rêve à la folie… « Innommable incandescence, de ce qui naît alors »… Si le commun est ce qui nous est le plus propre, comment faire pour ne pas le confondre avec les conditions, ou la trop simple reproduction des conditions de vie sociale qui nous sont imposées ? Bien trop souvent, nous avons laissé notre classe sociale choisir et vivre en nous, notre vraie vie.

Par-delà une trop simple et bienveillante compréhension, il s’agit plus immédiatement de mettre en action, d’agir avant même de devoir en prendre la décision, de repenser l’être de ce qui devient. Un processus de gestation qui ne commence, ni ne finit jamais de devenir. Substituer l’usage comme relation (qui se réfère aux choses en ce qu’elles ne peuvent devenir un objet de possession), à la sournoiserie du dispositif de propriété et de séparation. Une mise à distance perpétuel de l’histoire des vainqueurs et de ses fausses conséquences, de l’illusion d’un État Final. Que le présent coexiste avec soi comme passé et comme à venir. Ce que nous appelons faire un saut, chuter dans le présent…

« Ce qui compte, c’est ce qui est, et ce qui est, c’est ce qui apparaît. »

Le temps donc (hors du Temps). Celui de la profanation comme pratique de tout ce qui est à rendre à l’usage commun. A quoi notre être-ensemble(s) peut-il donc ressembler ? Comment partager les moyens matériels et les fins affectives sur un plan différent de ce monde ? Avec qui les construire ? Ces questions n’ont d’intérêts que dans l’expérience et les perspectives qu’elles impliquent. L’élaboration en gestation de nouveaux rapports, de nouvelles relations, à la hauteur de l’exigence qui nous anime et de l’attention que nous portons à l’autre. Une positivité donc, toujours en construction.

Toutefois toute communauté, toute affectivité, est non pour soi, mais en soi inavouable… Comme pour sauvegarder l’idée que toute collectivité, toute forme de vie, de mise en commun, ne conduit pas nécessairement à la perspective d’une tyrannie plus folle encore (qui viendrait un jour ou l’autre, nous désarmer à son tour…). Tout ce qui apparaît doit prendre garde à ne jamais se figer, au risque de se pétrifier et de finir dans une vitrine du musée des Vainqueurs… Pourquoi, sinon le fait de vivre à plusieurs, de partager un espace ou un temps commun, permet à la plupart de nous identifier à une communauté ? Pourquoi alimentons-nous ce schéma identitaire chez la plupart de ceux qui ne partagent pas de “modes de vie” au quotidien ? Dit-on d’une famille nucléaire qu’elle constitue une communauté ? Non. Et bien nous non plus…

Le jeu a un caractère trop souvent épisodique, après lequel la vie normale doit reprendre son cour. Voilà ce qu’il nous reste a enrayer, pour enfin ébranler dans ses fondements, l’organisation hiérarchique comme fatalité. Il ne s’agit pas tant de construire un réseau intrinsèque et auto-suffisant de communautés, mais bien plus, d’entrer en fusion avec un magma, à jamais insoluble. Une alliance comme effervescence, comme réseau de résistance(s)… Une collectivité comme tiers entre je et moi, pour se surmonter et être surmonté à son tour, pour vivre.

Il nous est apparu et nous apparaît bien souvent encore, qu’il n’est pas simple d’articuler et de dépasser de manière cohérente, fins et moyens, désirs et concepts, folie et raison, réel et imaginaire, personnel et politique. Non pas une ré-union des opposés, mais l’achèvement des séparations disposées pour nous affaiblir. Une coordination diffuse qui permette la multiplicité, au-delà d’une quelconque absence fusionnelle dans le collectif. Il nous sera toujours nécessaire d’affiner l’apprentissage et l’économie de cette force. Car que peut en effet, si ce n’est s’intégrer, se faire reconnaître, une puissance qui pour affirmer sa différence, a dû se compromettre et épuiser sa force… Une force qui n’agit plus, mais réagit seulement aux sources qui la dominent.

Une description mécanique d’une puissance en devenir, serait trop simplement inefficiente. Une vulgarisation et une mauvaise interprétation de plus, de ce qui n’est qu’un aperçu. Il ne sert à rien de précipiter, si ce n’est pour mieux anticiper. Dans la phase actuel de logique et de durcissement des techniques de maintien-de-l’ordre, il est nécessaire d’enrichir et de diffuser nos pratiques d’ensauvagements, de développer nos infrastructures par de nouvelles méthodes de mobilité, de voilements et de dévoilements… De multiplier les points de confrontations, de résistances, de blocages. Le renforcement par l’amplification et la multiplicité des solidarités, toujours à renouveler.

Une machine de guerre soit, mais diffuse comme un art des conséquences, et nomade à la manière de vivre dans un art des distances affinées. Car tout n’est pas affaire d’efficacité, ou alors ce ne pourrait être que dans une re-définition, une nouvelle affirmation de ce qu’est l’efficacité… Une efficacité qui nous donnerait peut être l’occasion d’inventer une autre sorte de bonheur. Et le bonheur n’est pas un but, il est moins et beaucoup plus que cela…

« En guise, de ce qui ne peut être conclu… »

Ce qui a commencé, ne peut simplement s’achever avec le sentiment qu’il fallait inscrire notre mémoire dans les dérisoires moments de nos luttes. Non pas comme répétition et fétichisme, mais pour que tout puisse encore continuer, comme transmission et renforcement de la pensée, de l’action, et enfin du partage de ce que nous avons encore à partager.

Le squat et la friche industrielle que nous occupons devrait d’ici peu, laisser place à un méga-projet immobilier. Différentes compagnies soucieuses de faire perdurer le spectacle et l‘art de rue, ont depuis longtemps négociées les conditions de leur relogement.

Qu’il est ou non expulsion, nous continuerons d’affirmer notre volonté et la nécessité qu’il y est des lieux, des îlots de liberté, dans lesquels nous puissions exister pleinement, dans lesquels les exigences absurdes d’uniformité et de conformisme laisse place à la libre créativité de chacun. Des lieux dans lesquels la dimension collective n’est pas une prison, mais un tremplin, une incitation à l’ensauvagement, à la rencontre et à la débauche.

Heureusement, l’action coordonnée par la joie est contagieuse… À nous d’élargir et de renforcer les cercles de celle-ci. L’espérance et l’enthousiasme ne sont pas des substituts au bonheur, mais ce qui nous échoit en ce point d’impact précis, où le cour des évènements se courbent pour que nous puissions enfin arracher et mettre en jeu nos libertés.

L’EXODE IN-FINI

« Nous pressentons l’éternité indestructible de toute joie dans l’extase… »

Dans la tragédie grecque, l’exode est le dernier chant du Chœur. Celui par lequel la mise en scène des conflits est nécessairement vécus comme insolubles. « La tragédie antique est un triple spectacle : celui d’un présent (comme transformation d’un passé toujours en devenir), d’une liberté (que faire ?), et d’un (manque de) sens. » (R. Barthes). La tragédie contrairement à la providence n’indique en rien aux protagonistes, les chemins qu’ils auront à emprunter. Plus qu’une fatalité, la catharsis est l’essence de la tragédie : le déchaînement des passions, la mise en jeu des désirs de changement, de catastrophe.

« La lutte, les tourments, les destructions que subit le monde des phénomènes nous apparaissent alors nécessaire, vu le nombre infini de formes d’existence qui se précipitent et se  bousculent dans la vie. »

Le Chœur est ce qui rythme et intensifie par ses chants, le dialogue entre le récit et les actions. Le chant de l’exode (et non celui de la rédemption), est ce qui décharge la catharsis. L’effectuation d’une puissance qui soulève et fait vaciller l’ensemble de la tragédie comme machine infernale.

« En dépit de la terreur et de l’angoisse, nous goûtons le bonheur de vivre, non pas en tant qu’individus, mais comme élément de la substance vivante,à la fécondité de laquelle nous participons… »

Espace lisse et linéarité :

Plus qu’une finalité, l’embourgeoisement et la pacification des centre-villes sont des principes d’occupation du territoire. Ce qui caractérisent la prolifération et le durcissement des dispositifs de pouvoirs, c’est leurs fonctions de normalisations, plus que leurs aspects punitifs. La métropole, et les formes de vie qui en découlent, sont ce lent glissement vers une auto-régulation des corps et des flux.
« Aplanir » et « lisser » sont des manières d’aborder le contrôle du territoire, des mots d’ordre, des façons de penser le problème de l’espace et du contrôle des populations. On les retrouve un peu partout, dans les politiques de prévention situationnelle, les projets de réaménagement, les manuels de contre-insurrection.
C’est toute une architecture sécuritaire qui est à l’œuvre, et qui bourdonne par conditionnements, phénomènes de mise en conformité, d’inhibitions, pour endiguer toutes formes de concrétisations virales des rapports de force.
C’est en fonction du passé ou de l’avenir, que l’ordre se protège de la force d’irruption du présent. Néanmoins, plus les conditions restrictives qui caractérisent l’évolution moderne (contrôles, propriétés, tabous…) prolifèrent et se durcissent, plus elles rendent nécessaire l’expérimentation de situations qui lui échappent.
Le passage que nous connaissons actuellement, d’une guerre d’affrontement à une guerre d’évitement, est par la même, le glissement du concept de force-en-présence, au concept de force-en-puissance. « L’essaim est emblématique en la matière, car il procède par principes de non-linéarité, qui apparaissent en termes d’espaces, d’organisations et de temps » (E. Weizman).
Débordant le trop simple constat d’une débâcle, l’affrontement entre le dépassement, et la gestion d’un effondrement perpétuel, met en jeu le glissement de la pensée du bloc, vers la pensée de la dissémination. Loin d’être une réponse, ce type d’agencement relève plus d’une forme de respiration, une mise à l’écart de la foi en un plan de bataille logiquement structuré (linéaire), et un programme volontairement simplifié (lisse). Une nouvelle prise d’amplitude

Désertions et peuplements :

Aucun programme qui puisse nous réenchanter. Assurément, la ferveur pour les grandes entreprises de canalisation des révoltes a encore de beaux jours devant elle. Mais c’est comme si, tout le “mouvement social” se laissait prendre dans cet effondrement. Avec en son centre, le constat que la massification et son devenir-majoritaire ont désormais qu’une capacité limitée d’intervention sur l’économie politique et les relations gouvernants-gouvernés.
Les conditions du dépassement qui nous semble nécessaire se trouve bien en amont, dans la manière de concevoir comment un devenir(s)-mineur(s) se fait puissance ? Comment une résistance devient insurrection ?
Les rapports de force ne se caractérisent pas par le nombre de forces en présence, mais plus par ce qu’ils réussissent à mettre en jeu, et, par leurs mises à l’écart des modèles de vie dominants. Une minorité peut être bien plus nombreuse qu’une majorité, sans rien pouvoir changer de ses conditions d’existence.
D’un certain point de vue, il faut faire preuve d’une grande « immaturité », pour vouloir ainsi se constituer en un réseau de minorités non assimilable, et surtout chercher à le rester. Toutefois, cette immaturité résonne plus comme le fondement de ce qui peut entrer en subversion, que comme désirs de régression.
Les devenirs-mineurs traversent des domaines aussi différents que la division du travail, la rationalisation du savoir, la sexualité, le genre et le contrôle des affects… Ce qu’ils mettent en cause, c’est l’hégémonie des normes et des systèmes de domination, comme seul moyen « raisonnable » et « rationnel » d’organisation d’une communauté.
Constituer un monstre, un peuple de meutes, de tribus, c’est là le genre d’ambivalence qui semble désormais affecter notre génération. Une fuite certes, mais qui se concrétise par l’élaboration de résistances, qui se déploient selon les modalités du refus, de l’obstruction et de la ruse. «On esquive, on fait autrement, on se déplace et se rend indétectable, ininscriptible, insaisissable.» (A. Brossat). Non pas un replis, ni une quelconque marginalité, mais une brèche… béante et imperceptible comme les ravages de l’ineffable.
Les devenirs-mineurs engagent les subjectivités individuelles, mais en appelle aussi à la formation de collectifs. Cet ensemble de conduites de désertions, de rétivités se diffusent et se répondent entre elles. Elles s’organisent et se coordonnent sur un plan immanent, non pas pour écraser ce qui leur échappe (par structure d’assujettissement), mais par analyse et concrétisation des désirs, des besoins.
En tant que peuplement, ce que nous cherchons à conjurer, c’est la reproduction d’un Tout, qui masque le manque de possibilité et de cohérence interne. Un agencement et une recherche de subjectivités collectives, qui s’étendent sur plusieurs groupes à la fois, divisibles, multipliables, communicants et toujours révocables.

Persistances et résistances nomades :

Le but est simple : introduire des machines à explosion dans toutes les structures, y faire fuir les centres, pour être en permanence à la limite, sur les crêtes. L’ampleur de cette propagation dépend à la fois, de sa capacité à ouvrir des brèches, et de la possibilité de s’y associer librement. C’est par prolifération de groupes capables de s’entraider et de répondre à des besoins que nous nous agrégeons.
Les cantines collectives, imprimeries, scieries, maraîchages, dispensaires, etc…, n’en sont que les exemples les plus flagrants pour l’instant. Les problèmes de cette prolifération ne se posent pas en terme d’alternative entre spontanéisme et centralisme. Il n’y a pas lieu non plus de distinguer les formes de constructions ou de radicalités, d’une nécessité de lutte généralisée.
En tant que machine nomade, le problème fondamentale de cette désertion est celui du relais, plus que de l’élaboration d’une cité modèle. Elle procède par contagion et multiplication de points d’impacts, de contacts. Ses perspectives se dénouent par l’analyse en acte de ses désirs, pensées et actions, plus que par injonction et assujettissement de ceux-ci à des formes de paranoïa unitaire.
Au delà des retranchements intéressés derrière une icône, un monument, une idéologie, ou simplement un mode d’énoncé exclusif, la cohérence de ces machines se trouve dans la confrontation des forces et des caractères hétérogènes qui les composent. D’où l’impérieuse nécessité, de ne jamais se laisser écraser en tant que multiplicité.
L’antagonisme de la machine de guerre n’est pas à proprement parler celui de la « guerre », mais d’une indiscipline, comme vecteur de ce qui ne peut consentir à se conformer, à se mettre au pas, à s’uniformiser… Leurs lignes de ruptures, de fuite, s’incarnent dans le fait, qu’elles viennent conjurer le développement des dispositifs de pouvoirs (interne comme externe), et mettent en gestation ce qui pourrait les dépasser.
L’indiscipline des machines de guerre se manifeste par un ensemble d’organisations diffuses, polymorphes, caractérisées par un potentiel de métamorphose, faites de petits groupes qui se divisent ou se rassemblent suivant la contingence et les circonstances. À travers ce qu’elles mettent en jeu d’un coté, et paralysent de l’autre, ces machines sont des formes de résistances qui parcourent et agitent la société civile. Ce par quoi rien ne se sépare, mais au contraire, se trouve en mesure d’entrer en confrontation.

Épilogue :

Il n’est pas difficile de reconnaitre que notre temps est un temps de transition, de passage. Le vacillement n’est indiqué que par des symptômes isolés. Mais nous sommes pris dans un mouvement, une forme d’interruption silencieuse de la régularité. Nos certitudes, tout comme ce que nous connaissions du monde jusqu’à présent, se précipitent déjà dans le passé pour y être englouti. L’insouciance tout comme l’ennui viennent opérer des fissures dans ce qui subsiste de l’édifice du pouvoir et de son consentement… Fragment après fragment, ce monde laisse place aux doutes et aux pressentiments indéterminés que quelque chose d’autre, quelque chose d’inconnu est en préparation.

Les Compagnons Chevauchent Le Monstre CONTROLE

…Voici quelques brides d’une conversation interceptée lors de l’occupation militaire, qu’a connue l’une de nos villes…

… Nos relations tribales, notre engagement avec le monde, mais aussi les nouvelles techniques de surveillances et de communications nous informant à tout moment de la montée et de la chute de toutes choses, font que nous avons besoin d’une nouvelle expérience du réel… 

… Le carcan étroit et idéologique qui maintenait nos idéaux dans un firmament hypothétique et toujours étincelant, hors de ce monde et loin de nos vies, s’est depuis longtemps brisé. Leurs substances se répandent désormais, non plus en tant que promesse éternelle et incongrue de liberté, mais comme le miel : En Abondance…

… La révolution est dors et déjà permanente et présente. Elle se construit et se nourrit de multiplicité. Elle s’échappe et nous traverse parfois le long d’une ligne de front. Mais déjà partout, l’on recommence à se heurter au sens commun…

… Nous sommes tous des personnages en transitions, tenant parfois trop au passée pour être de l’avenir. Certes nous pourrions comme bon nombre de nos concitoyens, nous accorder un moment de répit et nous réfugier dans le confort de la délégation, partageant ainsi un maigre sentiment de devoirs bien accomplis. Et après tout, pourquoi pas… Si c’est leurs choix…

… Pourtant même la conscience la plus épurée et la plus repliée sur elle-même, semble déjà complètement embrouillée. « À espérer, à conspirer sa mort tout vivant est contraint. Non par la nature qui le parfait, mais par l’art et l’éducation qui le parfont. » Tout de même, quel odieux meurtre en soi, est-ce de ne pas se défendre. Nous voyageons parmi des Êtres rendus indifférents, étrangers à eux-mêmes, que l’on achève peu à peu en les séparant de leurs richesses passionnelles et créatives…

… Ce monde s’est enivré de sa propre cruauté et nous empoisonne en nous contraignant depuis trop longtemps au seul choix impossible: le Conflit ou la Résignation. Nous sommes tout à la fois dépositaires de l’histoire et historiquement dépossédés. La contestation de la société dans son ensemble est donc le seul critère, d’une libération envisageable…

… Cette aversion quasi capricieuse que nous éprouvons à nous définir, nous offre une liberté grandiose. Nous savons fort bien, un sourire au coin des lèvres, que si la société venait à nous comprendre, tout serait fini… Nous serions déjà paralysés. Ne pas communiquer est encore un moyen de communiquer, certes plus hostile mais plus efficace aussi…

… Nous agrégeons d’un exil à l’autre un ensemble de lignes de force, un maillage diffus que nous jalonnons de quelques signes imperceptibles. Les portes des squats ne sont-elles pas de ces gigantesques trous béants, que nous maintenons ouverts par-delà l’infini des nouveaux territoires paradisiaques…

… La discontinuité de notre présence a de quoi déconcerter en vérité, mais nous participons à tout cela comme en toute chose, avec un sérieux goût de démesure. L’angoissante question de la possibilité ne se pose plus. Il est désormais de ces moments, où le fonctionnement de la machine devient si odieux, si brutal, qu’on ne peut plus la nier, ou feindre d’avancer quoi qu’il en
coûte…

… La fête insurrectionnelle se propage partout, assaillant, dispersant et rebondissant aussitôt. Les techniques, les moyens et les limites se confrontent, se projettent et se réadaptent ailleurs. Il y a en apparence du romantisme à occuper ainsi la rue, à voler dans les magasins, se battre la nuit et faire l’amour le reste du temps. Pourtant ne meurt-on pas également dans le monde sensible ou sensiblement en-dehors du monde ?…

… L’ordre et son parti-pris sinistre en appellent à la Raison d’État. Le monstre contrôle nos identités jusque dans notre ADN. Et du néant surgissent et se multiplient ces horribles désirs de sacrifice. Nos menottes ne sont plus uniquement faîtes de métal, elles prennent aussi la forme de cellules neurologiques, de petites pensées névrotiques qui glacent le sang et nous
anesthésient…

… Nous avons longuement appris l’art de jouer et de nous déjouer des conflits, afin de faire apparaître ces réalités sous-jacentes. Par la critique en acte, nous nous découvrons de nouvelles complicités. Chacun se révélant tant dans son rôle de gardien que de prisonnier…

… Certes, nous forçons parfois dangereusement le monstre, à se manifester dans son dispositif. Mais en toute vraisemblance, parti-pris et déterminismes mis à part, ne devenons-nous pas tout simplement ce que nous sommes ?…

… La société de l’abondance et de la propriété privée trouve sa réponse naturelle dans le pillage. Rien d’humain ne sera réalisé tant que des individus libres et agissant ne se seront pas décidés à reprendre radicalement en main leurs volontés de vivre…

… Par leurs intensités collectives, nous vivons et faisons croître les mondes que nous habitons, jusqu’à leurs rencontres… Notre grand projet, c’est celui de l’évasion généralisée… Si nous osons penser l’impensable, il nous sera plus facile de faire l’infaisable…

… À qui possède jalousement son bonheur contre celui des autres, je le prierai instamment de ne pas parler de la pomme dont il n’a encore goûté la saveur. Si à bout de souffle, vous ne pouvez suivre, alors ne jugez pas…

… « Thanks For The Future » …

… Fin Des Transmissions …
… Reprise Normale Du Cour De Nos Programmes…

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« Le désert se mit à reparaître tout entier et pour le retrouver ainsi, il suffisait simplement d’y être. […]
Rien de plus que le pur nécessaire, hormis ce symbole d’une réalité, cet hurlement dont le sens reste indéchiffrable. […]
Impossible de dire quelle sorte de hurlement.
Terrible en tout cas, furieux au point de défigurer un visage, de le déchirer, pareil à une gueule de fauve. […]
Mais aussi joyeux, en quelque sorte de vous ramener en enfance.
Un cri pour blasphémer, pour signifier. […]
Un hurlement plein de certitude, parfaitement absurde, au point qu’on y sent percer quelques vils accents d’espérance… »

PDF: Thanks For The Future


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NDDL:Le spectacle rend aveugles et sourds les ZADISTES qui se contemplent!


Une ferme détruite sur la ZAD la semaine dernière (du 15 au 17/01)! Stoppons leur politique de la terre brûlée !

(Suivi de nos considérations/interrogations

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relatives à cet évènement et à tout ce qui y participe…)

…Et pendant ce temps là l’hypocrite commission de dialogue (sic) continue son boulot d’hameçonnage des élu-e-s opposés au projet d’aéroport, qui tiennent à leur bonnes relations avec le PS…

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– » Dans cet article, on voudrait d’abord essayer de comprendre pourquoi il n’y a pas eu de réaction à la destruction de cette ferme, et ensuite tenter d’en tirer des enseignements.

Nous sommes amer d’avoir découvert l’info, via un communiqué de l’ACIPA, publié le 21/01, (Le bulletin vous provenait-il de l’Australie par la poste?ndlr) qu’un beau corps de ferme a été détruit sur la ZAD du 15 au 17 Janvier ! Et ce sans résistance…

Il s’agissait de la ferme de Saint Jean du tertre, ferme situé à l’extrême-ouest de la ZAD, zone où plus aucun-e camarade occupant-e de la ZAD n’y habite, depuis la l’expulsion et la destruction de plusieurs maisons en octobre 2012.

Certain-ne-s camarades étaient cependant au courant de la destruction en cours de cette ferme, mais ils/elles n’ont lancé aucun appel à la défendre. Apparemment, parcequ’ils/elles n’y voyaient pas l’intérêt et/ou qu’ils/elles pensaient que la ZAD n’en aurait pas l’énergie.

Nous pouvons comprendre sur l’énergie, après les 3 mois intenses de défense des lieux, harcèlement des militaires, de préparation de multiples évènements, dont le festizad, de l’accueil de nombreuses personnes…mais beaucoup moins sur l’intérêt !

singe-NICette ferme méritait d’être défendu, malgré le fait que ses habitant-e-s y soient parti-e-s le 11 Janvier ! Elle méritait d’être défendu, car sa destruction faisait partie du processus d’arasement progressif de la ZAD. Elle méritait d’être défendu car il s’agissait d’un beau corps de ferme qui a connu des moments de vie et qui auraient pu en connaitre d’autres. Elle méritait d’être défendu car elle aurait permis de montrer encore une fois notre résistance à leur politique de la terre brulée et notre volonté de faire vivre la ZAD. Elle méritait d’être défendu…et nous sommes pas mal amers de ne pas avoir été mis au courant, et bien plus de savoir que rien n’a été fait pour la défendre…

Suite à la lecture du communiqué de l’ACIPA, nous avons parlé, de la destruction de cette ferme et de notre colère face à sa destruction, à des copain-ne-s de la zone est de la ZAD, et eux/elles mêmes n’étaient pas au courant. Ce qui pose quand même problème au niveau de la communication des infos…

De même, si l’info avait été bien transmise à l’extérieur de la ZAD, à défaut d’un appel à la défendre, des individu-e-s et/ou groupes à l’extérieur auraient pu s’organiser spontanément pour aller résister à sa destruction. Au lieu de cela, les flics et les ouvriers ont effectué tranquillement leur boulot de destruction…

Nous nous en voulons aussi car on s’est bien fait avoir par les infos officieuses, transmises par plusieurs sources, qui parlaient d’une intervention pour dégager les chicanes de la D281 cette semaine là. Les mouvements de flics inhabituels autour de la châtaigneraie n’ayant fait qu’alimenté l’angoisse, ce qui a mobilisé toute l’attention et l’énergie de pas mal de camarades de la ZAD sur la défense de la D281 et des lieux occupés de la ZAD…

La préfecture aurait-elle organisé sciemment une stratégie de diversion par la désinformation et la déstabilisation ? Nous ne le saurons sans doute jamais, mais cela ne nous empêche pas d’avoir le désagréable sentiment de s’être fait blousé… et suite aux bribes d’infos sur Saint-Jean du Tertre, parus dans les flash infos de la semaine dernière, rien ne nous empêchait d’aller vérifier…

On aurait envie d’en tirer plusieurs enseignements, qui on l’espère, permettront de ne pas perdre une nouvelle ferme ou habitation ! :

-renforcer le réseau de surveillance des mouvements de flics sur la ZAD, et surtout sur les maisons et fermes innocupées, ou que l’on sait qui vont l’être.

-améliorer la communication sur la ZAD et vers l’extérieur de la ZAD, en cas de constations d’un commencement de destruction d’une ferme ou d’une maison sur la ZAD. Car si les camarades sur place ne sont pas assez nombreux/se-s, trop fatigué-e-s… de l’extérieur, on peut être nombreux-se-s à réagir.

-penser à une réunion axée sur l’organisation de la stratégie de défense de la ZAD avec tous-toutes à l’aéroport et son monde. Une idée déjà : mettre en place une vigie mobile.

-que l’ACIPA fournisse aux camarades de la ZAD la liste des fermes ou maisons qui se feront expulsés durant l’hiver, car tous les lieux sont aujourd’hui expulsables, au plus tard en Avril. Ce qui permettra de pouvoir résister rapidement à des expulsions et/ou destructions de maisons/fermes sur la ZAD.

-se méfier des infos provenant de flics ou d’autres sources, même « ami-e-s », car elles pourraient aussi se faire manipuler sans le savoir, ou nous manipuler. Chercher des sources fiables par nous-mêmes sur les permis de démolition, avis d’expulsion… de chaque maison/ferme.

-couper tous les ponts avec la commission de « dialogue », qui n’a qu’un rôle de pseudo-consultation visant à nous faire croire à un pseudo-moratoire! Or on l’a bien vu, les opérations de destructions de la ZAD continuent ! Et n’oublions pas que les membres de la commission de « dialogue » ont déclaré que leur rôle n’était absolument pas de remettre en cause le projet d’aéroport de Notre Dame Des Landes, mais bien de « l’aménager » (sic) !

Ils veulent vider la ZAD bien tranquillement, en usant de techniques d’usure ?

C’est sans compter sur nos convictions et notre détermination, et la solidarité formidable qui entoure la ZAD !

La prochaine fois, on ne les laissera pas tranquillement faire leur politique de la terre brûlée ! »-

No pasaran !

Des membres du Collectif de Lutte Contre l’Aéroport de Notre Dame Des Landes

Une réponse à Une ferme détruite sur la ZAD la semaine dernière (du 15 au 17/01)! Stoppons leur politique de la terre brûlée 

    1. Votre commentaire est en attente de modération : (Ok: On attend!)

      A reblogué ceci sur Nosotros.Incontrolados and commented:

    2. nosotros incontroladosVous vous foutez de not’gueule ou quoi? Vous-êtes vous reluEs dans vos acrobatiques explications contradictoires tirées par les cheveux?
      Que penser maintenant? Sans doute après avoir tant enduré à vos côtés n’aurions-nous su faire l’épargne de quelques erreurs égales ou pires…Mais j (e ne pense pas que nous aurions songé alors à les justifier » de cette façon-là!
      Dommage tout ça…
  • Vous vous faites ainsi les artisans de votre propre défaite….What do you think about?
    Steph.

  • Votre commentaire est en attente de modération (Ok: On attend!)

    – »…C’est sans compter sur nos convictions et notre détermination, et la solidarité formidable qui entoure la ZAD !… » 

  • C’est du « foutage de tronche » ça?!

  • Si une telle solidarité existait, aucune expulsion ni destruction de ce type n’aurait pu être commise!!!
    C’est quoi ce triomphalisme qui vous aveugle l’œil rivé sur une bûche, une passerelle, une barricade qui n’est plus vraiment défendue ni informée????

    INVRAISEMBLABLE! INCROYABLE!

    Je ne puis comprendre –(et quelques potes avec moi aussi)– que cela ait été possible sur un périmètre aussi restreint.Et ENCORE MOINS CE QUE VOUS VOUS PLAISEZ A EN DIRE

  • Les malheureuses explications fournies ne compensent pas ce qui est le fait pointé d’ une impéritie tactique confondante chers amiEs combattanEs…

    Certes, n’étant pas avec vous, à vos côtés, dans le froid, sous la flotte, il est difficile (ou au contraire trop facile) de jouer les stratèges et OU de juger des défaillances incroyables rapportées dans votre texte.

  • Mais de lire -en dépit de tout ce qui précède- combien aucune critique ne vient au jour est proprement ahurissant!

  • En effet, si la lutte de NDDL est planétairement connue désormais, il apparait comme cosmiquement ( pour ne pas dire « comique »!) incompréhensible de pouvoir admettre ce qui apparait comme relevant de l’atomisation qui vous divise, de la « starisation » qui vous décime..;et merde alors …que sais-je encore!?

  • Vite…un mot? nosotros.incontrolados « at » gmail.com
    Steph


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NDDL:Des nouvelles inquiétantes de notre luttant à l’hosto contre une probable amputation, blessé sur la ZAD le 15/12/2012 !


Des nouvelles inquiétantes de notre camarade blessé par les forces du désordre sur la ZAD le 15/12/2012 !

Vu sur le flash info des camarades de la ZAD, le 18/12/2012 : 

- 18h50 NOUVELLES DU COPAIN BLESSÉ DIMANCHE SOIR

Le copain touché par une grenade assourdissante dimanche soir est encore à l’hôpital.

http://lutteaeroportnddl.com/2012/12/17/comment-amputer-des-militant-e-s-faites-appel-au-parti-socialiste-et-a-ses-robocops-du-terrorisme-detat-sur-la-zad/Contrairement à ce que nous avions annoncé il n’a pas, pour l’instant, été amputé du gros orteil.

Cependant les nouvelles ne sont pas bonnes pour autant :

nddl_19-12-12

 

Les chirurgiens lui ont posé une broche dans le tibia et le métatarse est cassé. Les chirurgiens ne sont toujours pas surs de pouvoir rétablir correctement l’irrigation du pied, c’est donc possible que cela soit plus grave et qu’une amputation soit finalement nécessaire. 

Les gendarmes sont passés dans sa chambre d’hôpital hier, prétendant en avoir le droit et en lui cachant qu’il avait le droit de refuser. Apparamment ils cherchent à enterrer l’histoire, en effet comment justifier l’utilisation de grenades assourdissantes, dites de désencerclement, alors que les manifestantEs ne tenaient que 2 des 4 axes du carrefour?

Alors qu’aucune procédure n’a été entamée, ils ont mis ses vêtements sous scellés et sont partis avec. Nous dénonçons fermement cette forme minable de harcèlement, l’intrusion dans sa chambre à peine 24h après sa blessure.

Cela ne nous étonne cependant pas de la part des gendarmes.

Nous adressons toute notre solidarité au copain, de nombreux mails nous sont parvenus demandant de ses nouvelles et pour lui envoyer du soutien.

(N.B : écrire à zad@riseup.net pour envoyer des messages de soutien). 

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Dans des conditions topographiques analogues, à Malville les flics ont tué un manifestant: Vital Michalon, en 1976/77.

Un peu plus tard à Paris à Jussieu en 1980, les flics butèrent Alain Bégrand dans l’enceinte même de la fac…

Plus tard, quelques années à peine, en Décembre 86 au quartier latin ce fut à Malick Oussékine de mourir sous les coups de la police rue Monsieur le Prince…

Puis dans les banlieues, ce furent bientôt les mômes fuyant une charge de CRS qui périrent dans un transformateur EDF, ou bien encore un môme victime de la voiture bélier conduite par les schmitts, là une main arrachée, ici un oeil, ailleurs un pied….Flash-ball, tazer…

Sans même parler de ces pendaisons dans les commico, de ces défenestrations suspectes, de ces suicides dans les taules et les CRA….

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Ils ne s’arrêtront plus maintenant…

D’ailleurs qu’est-ce qu’il y a pour les arrêter?

Hein? Le PS? les urnes?

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nosotros incontrolados

 

Pour un oeil les deux yeux…

Pour une dent toute la gueule?

(Nosotros.incontrolados)


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NDDL: Affiche…


 

image_NDLL_1

 

Ci-dessous trois  journalistes en communication avec diverses Rédactions:

image_NDDL_2

Se distinguent bien sous la livrée:

La petite Natacha du « Gras du Frigo »,(au centre)

David Jujadas en play-mobile (à droite)

Louis Benoit-Greffe du coin-coin « Breizh » en embuscade (arrière plan-G).

(Steph)

 


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Anti-répression 2.0


Indymedia Paris, toujours dans les bon coups [1], a validé la publication d’un article nommé « Quelques conseils pratiques suite à l’arrestation de copains… » [2] en date du mardi 20 novembre 2012, et signé « solidarités anarchistes ». Bien que nous ne voyons pas ce que peut bien faire l’anarchisme au beau milieu de ces 21 commandements de l’antirep 2.0, c’est aux consignes pratiques qui sont données là que nous voulons réagir pour les disqualifier au plus vite.

Il y a de quoi se questionner rien que par le choix des mots, dans ce communiqué écrit pour « rappeler deux ou trois bons procédés pour survivre lorsqu’on participe à une action politique »,et écrit pour l’occasion parce que « deux copains ont été interpellés vendredi dans la nuit avant de passer deux jours et demi en détention » [3]. Il y a donc des procédés à suivre, des consignes qui viendraient d’on ne sait où, visiblement de personnes ayant déjà « survécu » à une « action politique », et c’est tout le bien que nous leur souhaitons, à nos survivants. Visiblement aussi, ces personnes sont extrêmement sûres d’elles-mêmes, de leurs affirmations précises et péremptoires qui ne s’encombrent jamais de toute l’histoire de la répression du mouvement révolutionnaire et des différentes petites « victoires » obtenues face aux flics et aux juges, de l’histoire de tous ces camarades et compagnons qui ont eu le courage et l’intelligence de poser quelques standards face aux exigences morbides de la justice. En assumant ce qu’ils sont véritablement, en ne jouant pas avec le soutien d’une éventuelle classe sociale, en étant révolutionnaires devant leurs camarades de même que face aux juges, en ne se pliant pas systématiquement aux différentes formes d’auto- répression ou de répression participative qu’on voulait les contraindre à respecter, etc.

Il y a cette forme de pensée, qui se vit comme rationnelle, qui pense que chaque nœud se défait de la même manière. A l’ère cybernétique, il y aura toujours une page wikipedia pour nous expliquer ce qu’est une chose, pour nous indiquer comment faire ceci ou comment faire cela de la manière la plus valide. Pas étonnant donc, que dans le petit milieu radical, fleurissent en permanence des « guides pratiques » : comment squatter, comment se comporter en garde-à-vue, comment paperasser, comment voler, comment aimer ou comment baiser. Chacun de ces guides, qu’il le prétende ou non, tend à créer un monopole de la manière de faire, une nouvelle norme. Ils tendent à créer l’illusion qu’il n’y a qu’une unique manière qui soit efficace (donc souhaitable, dans l’esprit du temps…) et qu’il faudrait reproduire perpétuellement. Rien d’étonnant à ce que ce milieu soit à l’image du monde qui le produit et lui donne sa raison de vivre. Et si, pour parler le langage immonde de l’époque, le premier résultat d’une recherche google serait le meilleur, le plus « prouvé scientifiquement », alors quoi d’étonnant à ce que ce genre d’énumération de procédés, au delà d’être dangereux, soit suivi à la lettre par quelques esprits influençables et peu expérimentés ?

Encore une fois, nous voulons opposer la recherche de l’efficacité à tout prix, la tactique et la stratégie aux raisons du cœur et à notre éthique.
Si nous comprenons la nécessité de ne pas parler aux flics comme une simple règle à respecter pour des raisons pratiques et non pas comme un rapport au monde et une éthique, alors il y aura possiblement des situations où il sera préférable de parler aux flics pour telle ou telle raison tactique. C’est aussi le danger de ce type de commandements, de présenter des règles pensées dans un but d’efficacité, et donc auxquelles on peut déroger si l’efficacité l’exige ponctuellement, selon l’agilité politicienne de chacun. Car ce n’est pas seulement pour des raisons pratiques que nous ne parlons pas aux flics, c’est aussi parce que nous ne reconnaissons pas leur autorité, parce que nous ne pouvons pas en supporter l’idée.

Par exemple, lorsque nos survivants nous ordonnent par l’un de leurs commandements de « ne rien laisser traîner chez soi qui puisse permettre d’établir son parcours politique », nous sursautons bien évidemment. Et là, la question n’est pas de savoir si cela serait plus efficace en terme de résultat de se faire passer devant un juge pour un esprit simple, bon sous tout rapport, qui passait par là, a vu de la lumière et est rentré, plutôt que pour un révolutionnaire déterminé à changer le monde. Il s’agit plutôt de chercher à comprendre comment le grand écart est possible, et comment le miroir ne se brise pas sous les coups de notre dignité qui s’envole à chaque fois que nous nous regardons dedans.

Des compagnons et des camarades arrêtés ces dernières années, dans plusieurs affaires différentes, parfois lourdes, parfois sous la menace directe de la prison, ou celle de ne pas en sortir, ont refusé ces petits jeux de rôles minables et ont refusé de se renier. Alors bien sûr, ceux qui joueront les canards face aux juges seront des gentils, et les autres, ben tant pis pour eux ! Après tout c’est à ceux qui prennent des risques pour leur émancipation de s’aligner sur ceux qui se laissent réprimer bien comme il faut. Par le bas, toute !

Mais que les réalistes se replacent confortablement dans leurs fauteuils objectifs, on peut rester digne et « gagner », on peut rester digne et être « efficace ». Mille cas à travers le monde nous ont montré qu’il était possible de revendiquer une solidarité avec des idées et des pratiques, sans pour autant admettre avoir commis tel ou tel fait, et sans jouer les innocents ou les gentils.
En réalité, nos survivants ne proposent pas des pistes pour réfléchir à comment attaquer mais plutôt une liste de dispositions à prendre pour réaliser une action politique. Et pour nous, l’attaque n’a rien à voir avec une action politique, ou militante. Notre vie n’est pas déterminée par un agenda quelconque, avec un temps pour la réunion, un temps pour l’action politique, et un temps séparé pour la vie privée (expliquant par exemple pourquoi nos militants exigent que nous jetions nos livres, brochures, etc pour faire de son lieu de vie privée un endroit séparé de sa « vie politique »). Pour nous, l’attaque de ce monde n’est pas un moment séparé à caler dans un emploi du temps, c’est un rapport de conflictualité permanente au monde.
Plus anecdotiquement, nos « anarchistes solidaires » ont un peu tendance à prendre les gens pour des cons, avec des conseils comme « faire vite et ne pas traîner sur le lieu de son action une fois accomplie », parce que bien sûr on en voit beaucoup des gens qui brûlent une cible en pleine métropole et qui se posent sur un transat pour admirer leur œuvre les doigts de pieds en éventail, passant un coup de fil à tous les copains/copines pour leur raconter comment ils ont « survécu à une action politique ». Eh bien non, car il faut « ne jamais amener son téléphone portable sur une action (les keufs peuvent le géolocaliser a posteriori) », merci pour l’info. Bref nos « anarchistes solidaires » prennent un peu les gens pour des abrutis, alors qu’au fond, c’est eux qui sont navrants. Toutes ces choses sont déjà acquises pour quiconque prend la décision d’attaquer ce monde, chacun est doté d’un peu de bon sens, en tout cas assez pour ne pas avoir besoin d’un guide pratique pour savoir qu’il ne faut pas laisser de « pièces à convictions » sur les lieux, ou bien que les flics ne sont pas des copains.

La question que nous nous posons est donc de savoir à qui s’adressent ces « procédés », car de telles banalités pourraient laisser entendre à quelqu’un qui débarque et n’a pas encore eu l’occasion de développer des affinités avec des gens qui ont un peu d’expérience pratique, que ces 21 commandements sont suffisamment exhaustifs pour qu’il puisse partir à l’action sûr de lui sans plus d’approfondissement empirique.

Il y a aussi cette posture d’expertise, qui tombe quelque peu à l’eau à l’examen de leur manque total d’expérience réelle de la répression, un peu comme n’importe quel avocat qui ne visitera jamais les fonds d’une geôle et qui réfléchira toujours plus en fonction du code pénal et du remplissage de ses poches qu’en fonction de ce qu’il perçoit dans les yeux et les sentiments des individus qui se trouvent face à eux dans le « local avocat » d’un commissariat ou d’une prison. Pour mettre les choses au clair, non, les flics ne nous laissent pas sans chaussures et sans habits sous prétexte qu’il y aurait des cordons et des lacets, ils retirent simplement les cordons et les lacets. Et non, non plus, on ne peut pas lire de livres en garde-à-vue, couverture souple ou pas, au pays des licornes et des arc- en-ciels comme en France.

Hormis les quelques balivernes ci-dessus cités, ces conseils sont peut-être très bons, nous n’en doutons pas, pour les désobéissants, les collectifs citoyens ou les politiciens pour qui l’« action politique » est séparée du reste de la vie, pour qui les idées sont séparables des pratiques et pour qui les discours s’adaptent au réceptacle, ou pour ceux qui rentrent gentiment vivre leur vie d’esclave après avoir soupiré leur indignation trimestrielle entre deux conscientisations accomplies et notifiées. Certainement efficaces aussi si pour nos survivants solidaires, ce qui est placé dans l’horrible terme d’« action politique » qui est le leur, se résume au happening, à la manifestation- unitaire-merguez-et-collective-tous-ensemble, au sit-in pacifique ou à la banderole postée sur youtube, et à tout ce qui ne cherche qu’à faire le buzz, comme on dit. Car l’époque exige de bons metteurs en scènes de l’artifice.

Mais ils ne s’appliquent certainement pas à ceux qui portent assez de force dans leur cœur pour renvoyer un peu de la violence qu’ils subissent à la gueule des oppresseurs avec continuité, et nous sommes confiants que ceux-là iront chercher conseil dans le vivier de transmission (orale ou écrite) que leur a légué l’expérience de l’action directe et de la répression plutôt que dans des guides pratiques comblant le vide théorique de ceux qui les rédigent. Nous souhaiterions que l’infiltration progressive et omniprésente du virtuel ne se supplante pas aux rapports humains, au moins entre révolutionnaires à défaut de plus, comme c’est le cas partout ailleurs.

Pour conclure ces quelques lignes, nous ne pensons pas que la question de la sécurité soit une question figée, ou en tout cas, le caractère essentialiste d’une « culture de la sécurité » [4] nous paraît bien limité. La sécurité est selon nous une question bien plus simple et moins rigide, elle est une question d’intelligence pratique, de transmission et d’expérience. La sécurité ne doit pas devenir la priorité dans l’élaboration d’une attaque, elle ne doit pas prendre la place du désir d’un autre monde (ou tout simplement de détruire celui-ci) qui en est à l’origine. La culture de la sécurité, nous vivons déjà dedans, dans cette peur des mots et cette panique de la surveillance, la culture de la sécurité n’est rien d’autre que la culture de la répression.

Bien sûr, la sécurité est importante si nous voulons pouvoir continuer notre chemin, mais elle ne peut être comprise avec finesse que dans le cadre de l’affinité, c’est-à-dire d’une relation approfondie (et notamment à travers le temps) entre des compagnon/nes qui permet peu à peu de partager les expériences et d’approfondir mutuellement l’analyse de ce monde, les pratiques et les savoir-faire qui en découlent naturellement, la sécurité en fait partie.

Bouger ensemble, attaquer, penser, analyser, faire vivre et dialoguer des connaissances, ce ne sont pas des choses que l’on apprend à l’école, en famille, en assemblée générale, sur internet ou dans un guide pratique. Ces choses-là se développent au contact de l’autre, dans l’affinité, dans un développement permanent et avec soi-même. Il n’y a pas de modèle à suivre, à part pour les militants.

Alors, il paraîtra limpide que ce n’est ni sur indymedia ni sur wikipedia que nous comprendrons ce monde et que nous trouverons des prises pour le démolir. Que les précautions que nous prenons ne doivent pas déterminer nos pratiques et nos idées

.
Le 21 novembre 2012,
Les méchants !

 

 

Texte publié sur Non Fides – Base de Données Anarchistes:
http://www.non-fides.fr/?Anti-repression-2-0

PDF: Anti-repression_2-0
Notes:

[1] Voir par exemple ici, et .

[2] Visible ici.

[3] Plus précisément en garde-à-vue, et sous l’accusation d’avoir écrit quelques phrases avec un feutre et collé quelques affiches contre la construction d’un aéroport sur une permanence locale d’un parti au pouvoir.

[4] Terme que l’on voit fleurir, notamment sous l’impulsion des personnes proches de l’Appel ou aux Etats-Unis, dans les crémeries équivalentes, comme Crimethinc.


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News de Notre Dame Des Landes


Date: mercredi, 31 Oct 2012 03:13:54 – 0700


Quelques infos de ce qu’il se passe en ce moment :

Salut
Quelques infos de ce qu’il se passe en ce moment: les flics sont en train d’évacuer à nouveau la forêt de Roahne (ils croyaient avoir fini hier, d’après le sous préfet ?) …Ils ont commencé par faire tomber un de leur grimpeur, qui après être monté sur la plateforme collective (qui venait d’être évacuée de ces occupant-e-s) a coupé une corde et fait une chute de plusieurs mètres. Ça ne les a pas empêché de continuer les opérations avec un de leurs collègues au sol…
Ils n’hésitent pas non plus à donner des coups de pelleteuse dans les arbres dans lesquels il y a des gens…Bref, on n’a vraiment pas confiance dans leurs capacités à gérer cette histoire! On ne sait pas trop quoi inviter à faire d’ailleurs, mais si vous avez des idées, ou des choses à dire au préfet, n’hésitez pas
?

 

Et si vous voulez venir ici, c’est possible de rejoindre la zone !

Rage et courage ici et ailleurs,
La lutte continue!

un-e zadist

 

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